Vous pensez que vous-même ou un de vos proches est atteint par un TCA ? Votre comportement alimentaire vous cause de la souffrance, vous n’arrivez pas à vous reprendre en main bien que vous soyez conscient(e)s de faire du tort à votre santé ? Ou encore, des personnes de votre entourage vous ont fait des remarques sur votre façon de manger ou sur vos variations de poids ? Ou vous vous inquiétez pour un de vos proches ?
Dans cet article, je vous partage les informations essentielles à connaître sur les 3 principaux TCA : l’anorexie mentale, la boulimie nerveuse et l’hyperphagie boulimique. Notamment, vous découvrirez leurs critères diagnostics, leurs différentes origines et leur prise en charge. Enfin, je vous parlerai du traitement qui m’a permis de sortir de l’enfer de l’hyperphagie.
1) Les principaux TCA
Les TCA sont des perturbations significatives et durables de la prise alimentaire.
#1 Anorexie mentale
Cette pathologie touche 8 fois plus souvent les femmes que les hommes. On estime qu’elle concerne 1,4% de femmes et 0,2% d’hommes. Elle se déclare le plus souvent entre 15 et 25 ans, mais un début précoce est possible vers 6 ans.
Cette maladie est celle qui a le taux de mortalité et le taux de suicides les plus élevés de toutes les maladies psychiatriques.
Le mode d’entrée le plus fréquent dans ce trouble est un régime restrictif lors d’un léger surpoids.
Les critères qui permettent le diagnostic de cette maladie sont :
- Restriction des apports énergétiques par rapport aux besoins (la personne mange peu et supprime les aliments riches en calories) conduisant à un poids significativement bas ;
- Peur intense de prendre du poids et de devenir gros, malgré un poids bien en-dessous de la « normale » ;
- Altération de la perception du poids ou de la forme de son propre corps, faible estime de soi (influencée excessivement par le poids ou la forme corporelle) ou manque de reconnaissance persistant de la gravité de la maigreur actuelle ;
- Mise en place de stratégies permettant de contrôler le poids :
- Exercice physique excessif,
- Régimes restrictifs, jeûnes,
- Prise de laxatifs, de coupe-faim, de diurétiques,
- Vomissements provoqués,
- Consommation d’eau en grande quantité.
2# Boulimie nerveuse
Ce TCA touche 2% des femmes et 0,6% des hommes, soit 3 femmes pour 1 homme. Il débute le plus souvent plus tard que l’anorexie mentale avec un pic vers 19-20 ans.
Ce trouble peut commencer à la suite d’un régime restrictif et/ou à des vomissements, ou encore après un traumatisme ou une perte.
Les critères diagnostic sont :
- Survenue d’épisodes récurrents d’hyperphagie incontrôlée. C’est-à-dire :
- Absorption alimentaire supérieure à la moyenne et en peu de temps (moins de 2 heures par exemple),
- Associée à une impression de perdre le contrôle des quantités ingérées ou de la possibilité de s’arrêter,
- Mise en œuvre de comportements compensatoires visant à éviter la prise de poids (vomissements provoqués, prises de laxatifs ou de diurétiques, jeûne, exercice physique excessif.)
- Fréquence moyenne d’au moins 1 fois par semaine pendant au moins trois mois.
- L’estime de soi est perturbée de manière excessive par le poids et la forme corporelle.
- Le trouble ne survient pas exclusivement pendant des périodes d’anorexie mentale.
3# Hyperphagie boulimique
C’est le TCA le plus fréquent dans la population. Il concerne au moins 3 à 5 % de la population et presque autant de femmes et d’hommes. Il est le plus souvent diagnostiqué à l’âge adulte, entre 20 et 25 ans. Ce trouble est souvent à l’origine de surpoids et d’obésité, si bien que plusieurs études estiment entre 30 et 50% la part de personnes obèses souffrant d’hyperphagie boulimique.
Les régimes sont secondaires au début de l’hyperphagie.
Il existe un craving ; c’est-à-dire une envie irrépressible et incontrôlable de manger.
Les critères diagnostics de ce trouble sont :
- Survenue d’épisodes récurrents d’hyperphagie incontrôlée, c’est- à- dire :
- Prises alimentaires largement supérieures à la moyenne sur une période de temps limitée (par exemple, en 2 heures),
- Associées à une impression de perte de contrôle sur le comportement alimentaire pendant l’épisode (par exemple, sentiment de ne pas pouvoir s’arrêter de manger ou de ne pas pouvoir contrôler ce que l’on mange ou en quelle quantité).
- Ces épisodes sont associés à au moins 3 des éléments suivants :
- Manger beaucoup plus rapidement que la normale
- Manger jusqu’à éprouver une sensation pénible de distension abdominale
- Manger de grandes quantités de nourriture en l’absence de sensations physiques de faim
- Manger seul parce que l’on est gêné par la quantité de nourriture que l’on absorbe
- Se sentir dégoûté de soi-même, déprimé ou très coupable après avoir mangé.
- Détresse marquée en lien avec l’existence de cette hyperphagie
- Les épisodes d’hyperphagie se produisent au moins 1 fois par semaine pendant au moins 3 moins consécutifs.
- Le trouble n’est pas associé à l’utilisation récurrente de comportements compensatoires inappropriés comme c’est le cas dans des épisodes de boulimie ou de l’anorexie mentale.
2) Origine des TCA
Les TCA sont des pathologies d’origine multifactorielle. Une des causes classiquement avancées est la cause psychologique, notamment les abus sexuels. Mais c’est loin d’être l’origine principale des troubles.
En fait, il existe différents mécanismes impliqués dans la genèse des TCA.
1# L’origine psychologique
Lors d’un traumatisme ou d’un évènement très stressant, comme nous ne pouvons pas nous défendre en luttant ou en fuyant, le cerveau crée une dissociation pour se protéger. Normalement, tous les évènements vécus sont enregistrés dans l’hippocampe, l’aire cérébrale de la mémoire. Mais lors d’un traumatisme, cet enregistrement ne se fait pas. Cette dissociation peut être à l’origine de troubles compensatoires dont les TCA, mais aussi d’autres addictions, des années plus tard.
2# L’origine intestinale
Des déséquilibres de notre flore intestinale, dus par exemple à des erreurs alimentaires répétées, peuvent être à l’origine de TCA.
3# L’origine neurologique
Le circuit de la récompense est dysfonctionnel dans les TCA. Ce circuit est impliqué dans la survie de l’être humain, c’est lui qui nous pousse à manger, boire, dormir, nous reproduire. Nous cherchons à faire ces comportements pour ressentir du plaisir, grâce à la libération de la dopamine. Dans le cadre des addictions, ce circuit est déréglé et entraine un phénomène de dépendance : le cerveau réclame la substance addictive pour avoir son shoot de dopamine.
3) Prise en charge des TCA
Avant tout, je tiens à vous dire qu’aucun TCA n’est un problème de volonté.
Souffrir de ces troubles, ce n’est pas être faible. Les TCA sont une maladie au même titre qu’une grippe ou d’une dépression.
Que dire de la prise en charge des TCA… Je n’ai rien trouvé de concluant parmi mes recherches internet. Même sur les sites d’association pour venir en aide aux personnes victimes de TCA, il est sous-entendu qu’il est très difficile, voire impossible de guérir. Ça me fait mal au cœur de lire ceci. Je suis la preuve vivante qu’il est possible de trouver une issue à ces TCA. Et je ne suis pas la seule.
La prise en charge d’un TCA doit être multifactorielle (comme l’est la maladie) et sur le long cours car les TCA sont des pathologies chroniques.
1# La prise en charge psychologique
Il semble que les thérapies brèves telles que les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), l’EMDR et l’hypnose aient de l’intérêt pour la prise en charge des TCA.
Ces thérapies sont certainement d’une grande aide pour traiter les problèmes qui accompagnent les TCA comme l’anxiété, le manque de confiance en soi, la faible estime de soi et les traumatismes psychologiques. Néanmoins, elles ne semblent pas efficaces pour guérir du TCA sur le long terme.
On peut traiter l’aspect émotionnel avec des fleurs de Bach.
2# La prise en charge nutritionnelle
Pour espérer guérir de la boulimie et de l’hyperphagie, il faut sortir de la restriction et avoir des apports nutritionnels adéquats en dehors des crises. Par exemple, même si l’on a fait une grosse crise la veille au soir, il est recommandé de ne pas sauter le petit-déjeuner.
On peut aussi se tourner vers des compléments alimentaires et vers des plantes. Je vous en parlerai prochainement. Mais dans ce cas, il faut demander conseil auprès d’un praticien de santé comme les naturopathes.
3# La prise en charge médicamenteuse
Le tramadol, un anti-épileptique et certains anti-dépresseurs à forte dose peuvent être prescrits dans le cadre de TCA. Mais sur aucun site, je n’ai vu mentionner le traitement qui m’a permis de sortir de l’enfer de l’hyperphagie. Je dirais même plus, je dirais qu’il m’a sauvé la vie.
Ce médicament, reconnu dans le traitement de l’alcoolisme, est le baclofène. Je reviendrai dessus dans d’autres articles car il est important de comprendre pourquoi et comment il peut vous aider si vous souffrez d’hyperphagie. Je ne dis pas que tout le monde doit prendre ce médicament pour guérir. Néanmoins, si vous souffrez d’une forme sévère d’hyperphagie, avec un nombre important de crises par semaine, ce médicament pourra vous aider. Je vous invite à lire le livre Le Dernier Verre pour en savoir plus. Il a été écrit par un cardiologue, Dr Olivier Ameisen. Il raconte son histoire et comment le baclofène, un vieux médicament, a pu le guérir de l’alcoolisme.
4) Conclusion
Cet article est une vue d’ensemble des 3 principaux TCA. Dans mes prochains articles, j’approfondirai certains aspects, surtout sur l’hyperphagie et le baclofène.
Si vous vous reconnaissez dans un TCA, surtout ne restez pas seul. Je sais qu’il n’est pas forcément évident de se confier à propos de ce trouble. Vous pouvez en parler à une personne de confiance de votre entourage ou à un professionnel de santé. Les TCA sont une maladie chronique qui peut être grave, ce n’est pas un problème de volonté.
Si vous le souhaitez, vous pouvez rejoindre le groupe Facebook Hyperphagie, boulimie, addiction, obésité, naturopathie ET allopathie qui est un groupe de soutien pour les personnes souffrant de TCA et d’obésité.
Bonjour,
Merci de parler des TCA. Effectivement, on se sent démunie quand on nous dit qu’on n’en guéri pas ou pire (pas sûr…!) qu’on manque de volonté. Quand on pert espoir, il ne nous reste plus rien … Mais peut-être qu’avec un possible traitement on peut s’en sortir. J’ai débuté le baclofène et effectivement on sent qu’il y a de l’espoir et que l’on peut s’en sortir ! Ça ouvre les champs du possible… en tout cas moi j’y crois.
Bonjour Fouzia,
merci pour ton commentaire. Oui, le baclofène représente vraiment un espoir dans la prise en charge des TCA car c’est le seul traitement connu actuellement qui supprime le craving. Bravo pour t’être lancée ! Je te souhaite une belle bacloroute et je te souhaite de tout coeur de trouver l’indifférence. Bonne soirée